Isidor von Sevilla: De natura rerum. Französische Übersetzung
durch J. Fontaine, Kap. 9-11.
IX. DU MONDE.
1. Le monde est l'ensemble de toutes choses, qui se compose du ciel et
de la terre. L'Apôtre Paul dit à son sujet: car la figure
de ce monde passe. Au sens mystique, le monde est proprement le signe de
l'homme. Car de même que celui-là est constitué par
quatre éléments, de même celui-ci se compose aussi
d'un mélange de quatre humeurs dont la combinaison forme un seul
être.
2. Par suite, les anciens ont supposé l'homme en union intime avec
la structure du monde, puisqu'en grec le monde est appelé cosmos,
et l'homme microcosme, c'est-à-dire monde en miniature. Encore que
l'Écriture laisse entendre quelquefois par monde les pécheurs,
dont il est dit: et le monde ne L'a pas connu.
3. La forme du monde se présente ainsi: de la même manière
que le monde se dresse vers la région septentrionale, ainsi s'incline-t-il
vers la région australe. Sa tête, et pour ainsi dire sa face,
c'est la région orientale, son extrémité la région
septentrionale. Car il a quatre parties. La première partie du monde
est celle de l'Orient. I;a seconde, la méridionale. La troisième,
celle de l`Occident. La dernière, à l`extremité, la
septentrionale, dont Virgile parle en ces termes:
A l'entour d'elle, aux
extrémités, s'étendent à droite et à
gauche
Des régions que recouvre une glace azurée;
Et Lucain:
Ainsi gît la partie inférieure du monde, qu'une ceinture de
neige
Et des hivers perpétuels écrasent.
Kritische Edition von cap. 9.
X. DES CINQ CERCLES DU MONDE.
1. Dans leur définition du monde, les philosophes disent qu'il y
a cinq cercles, appelés par les Grecs parallèles, c'est-à-dire
zones, entre lesquels se partage le globe terrestre. Virgile les présente
dans les Géorgiques, en disant:
Cinq zones occupent le ciel.
Mais
imaginons-les à la manière de notre main droite: le pouce
sera le cercle arctique, inhabitable à cause du froid; le second
doigt le cercle estival, tempéré et habitable; le médius
le cercle équinoxial, torride et inhabitable; le quatrième
doigt le cercle hivernal, tempéré et habitable; le petit
doigt le cercle antarctique, froid et inhabitable.
2. I,e premier de ces cercles est le septentrional, le second le solsticial,
le troisième l'équinoxial, le quatrième l'hivernal,
le cinquième l'austral. Varron en parle en ces termes: Or la sphère
céleste est ceinte de cinq zones, I,es hivers désolent les
plus basses, les chaleurs celles du centre. Entre les deux extrêmes
et la zone centrale sont habitées ainsi les terres Que jamais l'ardeur
du soleil ne saurait consumer de sa flamme puissante Une figure comme celle-ci
distingue les divisions de ces cercles:
(Roue des cercles du monde: cf.
figure 3)
Premier cercle, l'arctique, que le froid rend inhabitable.
Second cercle, l'estival, tempéré et habitable.
Cercle central, l'équinoxial, torride et inhabitable.
Quatrième cercle, l'hivernal, tempéré et habitable.
Cinquième cercle, l'antarctique, froid et inhabitable.
3. Quant au cercle équinoxial, il est inhabitable, parce que le
soleil, dans sa course au milieu du ciel, dégage dans ces régions
une chaleur écrasante, au point que les fruits de la terre n'y peuvent
naître à cause du dessèchement du sol, ni les hommes
y habiter, à cause de la température excessive. En revanche,
les cercles septentrional et austral, qui se trouvent associés,
ne sont pas habités parce qu'ils sont situés loin de la course
du soleil, et désolés par la rigueur excessive du climat
et les souffles glacés des vents.
4. Le cercle solsticial, qui se trouve placé à l'est entre
les cercles septentrional et estival, et celui qui se trouve situé
à l'ouest entre les cercles estival et austral, sont tempérés,
pour la bonne raison qu'ils tiennent de l'un des cercles son froid rigoureux,
de l'autre sa chaleur. Virgile dit à leur sujet: Entre ces zones
extrêmes et celle du centre, deux autres furent accordées
aux débiles mortels par un présent des dieux. Et ceux qui
sont les plus proches du cercle estival sont justement les Éthiopiens,
au teint brûlé par la chaleur excessive.
Kritische Edition von cap. 10.
XI. DES ÉLÉMENTS DU MONDE.
1. Il y a quatre éléments dans le monde: le feu, l'air, I'eau
et la terre. Voici leur nature: le feu est mince, pointu et mobile; l'air
mobile, pointu et épais; l'eau épaisse, arrondie et mobile;
la terre épaisse, arrondie, immobile. De plus, elles se mélangent
ainsi: la terre, épaisse, arrondie et immobile, s'allie à
la nature épaisse et arrondie de l'eau; puis l'eau s'associe à
l'air par son épaisseur et sa mobilité; l'air à son
tour est lié au feu par leurs communs caractères aigu et
mobile; quant à la terre et au feu, ils sont séparés
l'un de l'autre, mais unis par les deux éléments intermédiaires:
l'eau et l'air. Cela étant, de peur qu'une confusion ne rende peu
intelligibles ces combinaisons, je les ai représentées par
le tableau ci-dessous:
(Le cube des éléments: cf. figure 4)
Cette figure est un solide selon la géométrie.
Le feu mince, pointu, mobile.
L'air mobile, pointu, épais.
La terre épaisse, arrondie, immobile.
L'eau épaisse, arrondie, mobile.
2. Voici d'ailleurs en quels termes Ambroise distingue les mêmes
éléments, selon les qualités qui leur permettent de
se mélanger en vertu de certaine affinité naturelle: la terre,
dit-il, est sèche et froide, l'eau froide et humide; l'air est chaud
et humide, le feu chaud et sec. Car c'est par ces qualités susceptibles
de s'unir entre elles que toutes choses se mêlent ainsi l'une à
l'autre. En effet, la terre, étant sèche et froide, est unie
à l'eau par la qualité froide qui les apparente. L'eau à
son tour à l'air par l'humidité, car l'air est humide. Et
l'eau, ayant en quelque sorte deux bras, celui du froid et celui de l'humide,
semble en embrasser respectivement la terre et l'air, la terre avec celui
du froid, l'air avec celui de l'humide.
3. L'air, lui aussi intermédiaire entre deux éléments
naturellement en lutte, c'est-à-dire entre l'eau et le feu, se concilie
l'un et l'autre de ces éléments, car il est uni à
l'eau par l'humidité et au feu par la chaleur. Le feu également,
étant chaud et sec, se rattache par sa chaleur à l'air, mais
sa sécheresse l'allie et l'unit intimement à la terre, et
c'est ainsi que par cette ronde, comparable à celle d'un chœur de
danse, les éléments s'assemblent en une harmonieuse alliance.
Par suite, on appelle en grec principes communs ceux que l'on appelle éléments
en latin, du fait qu'ils s'unissent et s'accordent. La figure circulaire
ci-dessous fait voir ces éléments à la fois communs
et distincts:
(La roue du microcosme: cf. figure 5)
Le monde. L'année. L'homme.
Secetchaud, le feu: l'été, la bile jaune.
Chaud et humide, l'air: le printemps, le sang.
Humide et froide, l'eau: l'hiver, le phlegme.
Froide et sèche, la terre: l'automne, la bile noire.
Kritische Edition von cap. 11.